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Les arts locaux en Guadeloupe

  • La peinture guadeloupéenne

  • La poésie

  • La musique traditionnelle guadeloupéenne

  • La spécificité guadeloupéenne

  • Les styles de musiques et danses

  • Les enjeux de l'artisanat en Guadeloupe

  • Les métiers traditionnels et artisanaux 

    • l'ébénisterie​

    • la pêche

    • les brodeuses de vieux-fort

    • les costumes traditionnels

  • ​Les combats de coqs

  • les concours de boeufs tirants

La peinture 

Un nom pourtant émerge dans l’histoire de la peinture en Guadeloupe dès la fin du 17eme siècle, celui de Guillaume Guillon Lethière. Né en 1760 à Sainte-Anne, en Guadeloupe, ce Mulâtre, fils d’une esclave affranchie et d’un fonctionnaire blanc, a laissé de très nombreuses œuvres dans lesquelles jamais ne transparaissent ses origines antillaises, ce sont des œuvres qui "copient " le modèle européen. De ce fait , le peintre ne peut être considéré comme un artiste guadeloupéen, mais comme un peintre néo-classique français. Ses œuvres sont disséminées dans le monde entier, le Château de Versailles et le Louvre en possèdent quelques-unes, mais jusqu’en 2003, aucune n’était exposée en Guadeloupe. Une souscription publique a permis au musée Saint-John Perse d’acquérir " Philoctète à l’île de Lemnos ", une œuvre inspirée d’une tragédie de Sophocle, celle dans laquelle Lethière montre son attachement aux Antilles, la Guadeloupe y est en effet présente , on y voit aussi des plantes tropicales, et c’est un créole mulâtre qui a servi de modèle à Philoctète.

Dans les années 60 , le Cubain Wilfredo Lam et le Mexicain Diego Rivera s’inspirent dans leurs œuvres de l’art africain et ouvrent une voie aux peintres antillais qui vont dès lors puiser leurs thèmes dans la violence de leur histoire. En Guadeloupe, Michel Rovelas et davantage encore Klodi Cancelier feront exploser leurs sentiments dans l’expressionnisme symbolique de leurs toiles où transparaissent les chaînes de l’esclavage. Les dernières créations de Klodi Cancelier (1996) appartiennent d’ailleurs à une série intitulée « Echos de nos mémoires » et s’inscrivent dans une trajectoire caribéenne. Le référent culturel est primordial dans l’œuvre de Cancelier :masques d’inspiration africaine, totem et éléments géométriques primitifs témoignent du rapport du plasticien à la caribéanité, les symboles plastiques étant intimement liés à ses racines africaines. Avec le peintre guadeloupéen Lucien Léogane, il a créé une association de plasticiens décidés à défendre l’idée d’une esthétique antillaise contemporaine et à promouvoir les Arts plastiques guadeloupéens dans le monde . Cette association , appelée "Koukara Koulé Karayib ",est l’auteur du concept de "Fibressences ".Artiste de renommée internationale, Cancelier a exposé dans le monde entier. En1995, à Strasbourg, il participait au Salon International d’Art Contemporain ;de1993 à 1996, ses œuvres faisaient le tour du monde dans le cadre de CARIB’ART, une exposition internationale mondiale, sous l’égide de l’UNESCO.

Depuis l’art guadeloupéen s’est diversifié avec l’apparition de nouveaux talents symbolisant de nouveaux courants, telle Marie-José Limouza et ses géométries abstraites, Yrius et son monde fantastique, et plus récemment les compositions abstraites, tournant le dos au symbolisme ,de la jeune génération représentée entre autres par Chadru et Pédurand.

La sculpture mobilise également bien des talents, les figures-phares en sont Arekian , Armand Baptiste et Mireille Prompt.

La Poésie

De son vrai nom Alexis Léger, le poète Saint-John Perse est né à Pointe-à-Pitre en 1887,il est mort en 1975à Giens où il est enterré.Il est issu d’une famille de riches Blancs créoles implantés de longue date en Guadeloupe.Lorsque la famille quittera l’île en 1899 pour s’installer à Pau, le jeune Alexis vivra ce départ comme un exil. Le mythe de l’exilé sera le thème de ses premiers écrits poétiques. []. Parallèlement à sa création poétique, il mènera une brillante carrière de diplomate.Son séjour en Chine, en tant que consul,sera déterminant, car il entre en contact avec les spiritualités asiatiques . Bras droit d’Aristide Briand, il contribuera à la mise en place d’une politique d’apaisement des relations internationales. []

Ni vichyssois ni gaulliste, il choisit de s’exiler aux Etats-Unis en 1940 et se consacre dès lors à son oeuvre poétique. []

Sa renommée internationale lui vaudra le prix Nobel de littérature en 1960.

La présence du poète est très forte en Guadeloupe.Le musée qui lui est consacré à Pointe-à-Pitre présente un triple espace d’exposition :au rez-de-chaussée,les collections permanentes synthétisent son parcours biographique en insistant sur son enfance guadeloupéenne ;le premier étage est réservé aux expositions temporaires, les deux dernières ont rendu hommage à l’origine îlienne du poète, les combles, elles, sont consacrées aux oeuvres d’illustration de ses écrits. []

Avec Saint-John Perse, deux poètes contemporains, Sonny Rupaire et Guy Tirolien sont les poètes de référence de la Guadeloupe. Sonny Rupaire a publié en 1971 un recueil de poèmes bilingue,"Cette igname brisée qu’est ma terre natale, ou Gran parade ti cou-baton". Une réédition de ce recueil, déjà réédité en 1973 et 1982, est prévue aux editions Archivos. Le poète, mort en 1991, est considéré comme le père de la poésie en langue créole, même s’il n’a pas été le premier à utiliser le créole en littérature, il a pensé et pratiqué une poésie créole autonome des cadres de la poèsie française. Il demeure avec Saint-John Perse et Guy Tirolien l’un des poètes de référence de la Guadeloupe.

[] Images avec Crusoé, publié en 1909

[] telle la signature du pacte Briand-Kellog en 1928

[] principales oeuvres : Anabase, 1924 ; Exil, 1941 ; Poèmes à l’Etrangère, 1942 ;Pluies, 1943 ; Neiges, 1944 ;Vents, 1946 ; Amers, 1957

[] Sur Saint-John Perse, à lire :"Saint-John Perse, Antillanité et universalité".Actes du colloque de Pointe-à-Pitre de mai-juin 1987. Paris, Editions caribéennes,1988.

"La créolité de Saint-John Perse", Marie Gallagher,Editions Gallimard

La musique traditionnelle guadeloupéenne : le gwo ka

Tambour des esclaves, le ka est devenu d’abord le symbole d’un appel à la révolte, puis, à la fin du 20 siècle, le symbole de la résistance de tout un peuple à l’aliénation culturelle.

Jusque dans les années 60, le gwo-ka est considéré par la bourgeoisie comme une « musiq a vié nèg », aujourd’hui il est l’essence même de la culture guadeloupéenne.

Le gwo-ka consiste à battre des rythmes sur des tambours rudimentaires, les ka, fabriqués avec de la peau de cabri ; la peau de cabri femelle produit un son aigu, celle du mâle un son grave. Le ka est fait d’un baril de bois entouré de cordes reliées à des chevilles de bois, son nom lui vient ainsi du mot « quart » qui est le gabarit du baril utilisé. Les chevilles de bois jouent le rôle de clés permettant d’ajuster la tension de la peau. En fait dans les concerts on utilise deux tambours, le boula qui donne la base rythmique, et le maké qui accompagne le chant par des improvisations. Il faut ajouter qu’il y a plusieurs rythmes de base : le léwoz, le woulé, le graj, le kalandja et le toumblak.

Parmi les grands « tambouyé », joueurs de tambour, on peut citer Carnot et Chaben, tous deux décédés, dont se réclament Guy Conquête, Eric Cosaque, Esnard Boisdur et Henri Délos, de même que des groupes comme Ven Levé et Akiyo. Le gwo-ka a acquis depuis ses lettres de noblesse grâce aux travaux d’un musicien tel que Gérard Lockel. Chaque année a lieu à Sainte-Anne le festival de gwo-ka qui rassemble des groupes venus de toute la Caraïbe.

Il n’y a pas de carnaval sans tambour, les musiciens s’entraînent pendant des mois pour accompagner les défilés , les tambours utilisés à cette occasion sont plus petits et accrochés autour du cou des musiciens pour leur permettre de suivre les défilés. Les autres instruments à percussion utilisés par les groupes sont le tambour di bass , fait de cerceaux de bois et de peau de cabri femelle, et le tambour dé bonda , un tambour à deux peaux.

Un des chefs de file actuel de la musique guadeloupéenne est Dominik Coco. Il se fit d’abord connaître à Paris à travers le groupe à succès Volt Face et fut catalogué comme chanteur de zouk love. Le « chanteur de ces dames , surnom qu’on lui a aussi donné, explique qu’il avait de la musique une autre vision que celle de chanter l’amour, et qu’à la séparation du groupe il a choisi de renter en Guadeloupe. Il s’exprime désormais en solo dans un style plus personnel auquel il a donné le nom de Kako Music., un style qui n’est ni du zouk, ni du dancehall, ni du compas. C’est un style qui mélange tradition et modernité, son travail se veut revendication identitaire sur la réalité de la culture créole, une culture aux racines africaines. S’appuyant sur la musique traditionnelle, Dominik Coco façonne ses propres sons en mêlant différents sons et utilise beaucoup le gwo-ka. Il explique le choix du terme Kako Music en rappelant que kako désigne en créole la couleur marron et contient donc l’idée d’un métissage, quant au nom du groupe qu’il a créé, Karibean Koumbeat, il précise que koumbeat signifie » coup de main, entraide » en créole Haïtien, voilà qui donne le ton pour une musique engagée. Dans une interview qu’il a donné à David Cadasse, en tant qu’invité au festival Gospel et Racines de Cotonou au Bénin, Dominik Coco dit qu’il a « toujours considéré la musique comme une mission culturelle et éducative ». Son travail musical se situe dans la même revendication identitaire que celle des écrivains des années 90, alors que le zouk était plutôt de la musique pop, on assiste aujourd’hui à une émergence de la musique racine, comme en témoigne aussi un autre groupe très connu en Guadeloupe, le groupe Akyo. Cette musique racine, à travers ses rythmes et le gwo-ka exprime la spécificité du peuple guadeloupéen qui, partant de ses racines africaines, a su créer un style qui lui était propre. On a là une dynamique à l’œuvre , mais, précise Dominik Coco, elle n’est pas repli nombriliste, elle « va dans le sens de la découverte et du partage »

Le dernier album de Dominik Coco est intitulé « Lakou Zoboka », ce qui signifie « la cour aux avocats » , nom du quartier dans lequel il habitait étant petit. C’est plus qu’un hommage à un quartier ; c’est un hommage à un mode de vie et d’éducation qui tend aujourd’hui à disparaître.

La spécificité guadeloupéenne

Raphaël Confiant disait qu’il n’y a pas de culture martiniquaise mais une culture créole et que la spécificité martiniquaise s’inscrit dans un vaste ensemble qui comprend toutes les îles créolophones. (Conférence du 7 mai 2004). De la même façon, on ne peut donc parler de culture guadeloupéenne. Il existe une spécificité guadeloupéenne qui est greffée sur un terreau commun à toutes les Antilles, qui s’est construite sur un héritage commun à toutes ces îles créolophones. L’identité guadeloupéenne s’exprime à travers des Guadeloupéens et des guadeloupéennes qui continuent, dans le domaine des arts, de la littérature et de la gastronomie, à écrire l’histoire de la créolité, à la défendre et à la promouvoir, en y apportant une sensibilité propre à la terre où ils sont nés et qui est différente de celle des îles voisines, tant est différent le contexte géographique, historique et humain dans lequel se forme la conscience d’un peuple.

Au 18 siècle déjà, les colons réclamaient une plus grande liberté de manœuvre par rapport au pouvoir central. Au 20 siècle les mouvements littéraires créolisants coïncident avec la montée de revendications d’autonomie et d’indépendance et reprennent à leur compte le refus de la dépendance politique en même temps qu’ils rejettent un schéma économique imposé par la départementalisation. Mais surtout ce qu’ils expriment c’est une recherche identitaire à travers des discours exhortant les Guadeloupéens à sortir de leur passivité et de dépendance par rapport à la métropole , une dépendance dans laquelle ils risquent de perdre leur âme.

« Maintenant nous nous savons créoles », disaient jean Bernabé, Patrick Chamoiseau et Raphaël Confiant dans Le Manifeste de la Créolité au début des années 70. Etre créole c’est d’abord assumer et revendiquer l’héritage africain comme en a témoigné la célébration populaire des 150 ans de l’abolition de l’esclavage en 1998. Etre créoles c’est ensuite redécouvrir les traditions oubliées dans l’euphorie du progrès. Les concours de bœufs tirants ont depuis peu leurs fédérations et leurs championnats interclubs. Les combats de coqs attirent une clientèle de plus en plus importante , surtout masculine. Le carnaval reprend toute sa vigueur et remet à la mode des figures anciennes, mariages et comédies burlesques, de même que les déguisements anciens appelés « mass ».En Grande-Terre on voit réapparaître les combats de mayoleurs, des danseurs-lutteurs.

D’autres traditions, religieuses celles-ci, reviennent en force :la bénédiction des jouets le jour des Saints Innocents, la tradition des réunions où on chante des cantiques à Noël (le « Chanté Nwèl », une tradition veut que famille et amis se réunissent à pâques sur la plage autour d’une marmite de matété crabe, les compétitions de voile traditionnelle longtemps interrompues réapparaissent dans les régates intercommunales.

Les différents styles de musique et les danses

On danse encore le quadrille qui a sans doute été inspiré par le menuet français. Le quadrille se danse en carré sous les ordres d’un commandeur qui annonce les pas : pas de la poule, de la pastourelle, du pantalon ....

Des groupes perdurent la tradition du quadrille, tel le groupe de la Flamme Abynienne aux Abymes, et des cours de quadrille sont dispensés dans plusieurs écoles de danse, telle l’Akademiduka à Pointe à Pitre. Importée du Vieux Continent aux Antilles dans les années 1650, le quadrille connaît à l’époque un grand succès dans les milieux bourgeois. Il est dansé sur une musique de gigue avec des mesures à 6/4 .Afin que les esclaves noirs de l’époque coloniale perdent le goût de leurs danses africaines, leurs maîtres, les colons leur auraient appris ces danses.

Valses et mazurkas sont encore pratiquées, mais la biguine est la danse locale par excellence. La biguine naît aux Antilles au 19 siècle. A cette époque les musiciens qui jouaient dans les bals donnés par les colons étaient généralement des esclaves affranchis. En reprenant les musiques des colons dans leurs propres fêtes, ils y ont ajouté le chant et le tambour. En apportant le rythme du bélé à la polka, les musiciens noirs en firent un genre nouveau, la biguine. Ce genre nouveau permit d’inclure des chants structurés avec refrain et couplets, il y eut donc trois sortes de biguine, la biguine de salon, la biguine chantée et la biguine de bal .

Dans les années 1930, la biguine, après une période d’éclipse, explose littéralement à Paris grâce à des musiciens comme Stellio ou Félix Valvert lors de l’exposition coloniale de 1931.Ils s’inspirent du rythme des orchestres de jazz de la Nouvelle-Orléans. Comme ceux de la Nouvelle-Orléans, les orchestres de biguine sont généralement formés d’une clarinette, d’un trombone et d’un banjo.

La biguine connut un grand succès à Paris dans les « bals nègres » du Boulevard Montparnasse, le Bal Blonnet, la Poule Blanche. C’est dans les années 60 qu’elle devint la danse antillaise par excellence, sous l’impulsion des musiciens Paul-Emil Halliard en Guadeloupe , Moune de Rivel et Gérard Lavigny à Paris.

Le folklore guadeloupéen s’est enrichi dans les années 70 de rythmes issus d’autres îles des Antilles et d’Amérique latine : mérengué, calypso, cha-cha-cha, reggae de la Jamaïque. Les groupes Tabou Combo, Coupé Doué et la Perfecta se spécialisent dans le rythme rampa en provenance d’Haïti et le mettent à la mode. Le rythme de base de la biguine, un rythme binaire basé sur la cellule rythmique appelé cinquillo, va de ce fait évoluer vers des dérivés de la biguine comme la biguine wabap ou la biguine kombass. Les orchestres de biguine incorporeront petit à petit la trompette, le saxophone, la guitare, la basse et la batterie.

Le rap intègrera des éléments traditionnels, le raggamuffin s’inspirera directement du reggae, le rapso fera la synthèse du rap et de la calypso. Quant au Kréol jazz crée par Germain Cécé, il se situe entre la musique caribéenne et groove américain. C’est tout un florilège de talents qui exprime une grande créativité et un dynamisme.

Dans les années 1980 naît le groupe Kassav’ fondé par deux guadeloupéens Pierre-Edouard Décimus et Jacob Desvarieux qui créent un autre genre de musique en mêlant musique traditionnelle antillaise, technologie et disco : le zouk est né, le monde entier va le découvrir grâce à la voix de Jocelyne Béroart, la chanteuse martiniquaise du groupe. Le terme zouk existait déjà , contraction de mazouk, il désignait une fête populaire de campagne animée par un orchestre formé d’un accordéon , d’un tambour, de maracas et d’un triangle. « Zouk la cé sel médicament nou ni » (le zouk est notre seul médicament), chante le groupe.

La voie est ouverte dès lors pour des musiciens qui vont se saisir du genre et faire exploser leur talent avec des styles très personnels, ce sera Zouk Machine, Tanya Saint Val, Marie José Ali, Pascal Valot ou Gil Floro.

Musique originaire de Trinidad, le steel-band s’est répandu dans toute la Caraïbe. Le steel-band est à la fois un style de musique et un instrument de musique résolument modernes, c’est un instrument à percussion fabriqué avec des fûts d’essence ou de grosses boites de métal dont le fond est évidé afin de produire des sons différents.

Bibliographie 

"Musique cajun, créole et zydeco", par Robert Sacré, PUF, 1995

"Musique aux Antilles :Mizik bô kay", par Maurice Jallier et Yollen Lossen,Editions caribéennes, 1985

Les enjeux de l’artisanat en Guadeloupe

L’artisanat constitue un secteur d’activité important et dynamique dans l’économie guadeloupéenne. Il est communément admis que c’est la première entreprise de Guadeloupe. En tout cas, il a, incontestablement, dans l’économie, une place prépondérante. Il participe à l’évolution de la Région par son rôle économique mais aussi par son rôle social et culturel.Les entreprises artisanales constituent la principale activité de production et de services dont le capital et la main-d’œuvre sont d’origine locale. Elles forment chaque année 4 500 apprentis. Réparties sur l’ensemble du territoire, elles contribuent, d’une part, au maintien des populations par l’emploi qu’elles génèrent, d’autre part, à la création de richesse par la production de valeur ajoutée endogène.Ce rôle économique des artisans a une dimension identitaire dans la mesure où les connaissances transmises par les artisans intègrent un savoir-faire issu de la tradition et des cultures locales. Cette référence traditionnelle, qui les rapproche e leurs homologues antillais, en fait d’importants vecteurs de coopération régionale .Par ailleurs, en tant qu’utilisateurs de technologies modernes, ils relient le passé et l’avenir, la tradition et la modernité.La faiblesse de taille constitue néanmoins un handicap pénalisant pour les entreprises artisanales guadeloupéennes . Elles sont confrontées à des difficultés d’accès au crédit et au financement des investissements. Elles ont rarement accès au marché extérieur demandeur de volumes de produits. L’étroitesse du marché îlien limite les débouchés.​

Les métiers traditionnels et artisanaux

L’ébénisterie

La commune de Pointe Noire reste le fief des artisans ébénistes, on y trouve aussi les meilleurs charpentiers et menuisiers. Il y a 30 ans encore, le quart de la population de la commune se consacrait au sciage du bois, Pointe Noire était considérée comme la capitale des scieurs de long.Des générations entières ont ici vécu de l’abattage des bois et de leur débitage en planches. On utilisait le mahogany, le palmier royal,l’acajou blanc.Aujourd’hui, les artisans travaille de plus en plus du bois importé, du Brésil notamment.Les revendeurs de bois importés sont surtout installés dans la zone industrielle de Jarry .

La pêche

L’originalité de la pêche en Guadeloupe vient de son caractère artisanal et des techniques pratiquées héritées des populations caraïbes. Cinq techniques sont utilisées :la pêche à la nasse à proximité du rivage, la pêche à la ligne de fond, la pêche à la traîne et la pêche aux filets (filet droit, filet à trémail ou filet à volants). Les canots traditionnels sont encore mus à la force des bras par des rames en bois. La pêche se pratique le jour mais aussi la nuit à la lumière des lampes à pétrole ou de poche. L’anse Guyonneau reste le fief des marins-pêcheurs pratiquant la pêche traditionnelle.

Les brodeuses de Vieux-Fort

Vieux-fort est la capitale de la broderie. Cette tradition se perpétue par la transmission, de génération en génération, d’un savoir-faire réputé dans toute la Caraïbe. Les brodeuses se sont regroupées en association, l’association des brodeuses de Vieux-Fort qui anime un centre de formation .Chaque motif de broderie porte un nom : "maman-poule", "chardoné", "cerise". Il faut compter deux à trois semaines pour la confection d’un chemisier, trois mois pour une parjure de lit en fil de lin ou en baptiste de coton.

L’artisanat d’art regroupe tous les savoirs-faire liés à la décoration, aux loisirs, aux traditions du pays et à la conservation du patrimoine. A Pointe-à-Pitre ,le Centre des Métiers d’Art de prépare au concours d’entrée dans les grandes écoles d’Arts, le lycée Rivière des Pères propose un bac STI Arts appliqués. .

Les petits métiers

Bon nombre de métiers traditionnels ont disparu en Guadeloupe, d’autres se font rares : les bomboatiers, propriétaires chargés du transport de marchandises ou de passagers, les crieurs de journaux, les petits cordonniers installés sur les trottoirs des centres-villes. Par contre, les marchandes qui proposent des sorbets ou des pâtés chauds sont omniprésentes sur les marchés ou dans les rues, de même que les vendeurs de sinobol, glace pilée arrosée de sirop de grenadine ou de menthe . Les kabriyelé, chasseurs de crabes, proposent leur marchandise directement sur les plages ou, à la criée au bord des routes.

Les costumes traditionnels

Le phénomène de métissage apparaît surtout à travers les robes. La robe appelée « chemise à 3 trous »fut imposée aux femmes esclaves par les épouses des colons blancs, avec le souci de cacher entièrement leur corps et masquer ainsi une sensualité quelque peu provocatrice.En effet, les esclaves arrivent nus aux Antilles et sont ensuite habillés. Pour les travaux des champs, ils portent simplement un pagne ou une jupe.le Code noir indique les différents tissus que les femmes noires n’ont pas le droit de porter (dentelles, soie...), il prescrit aux maîtres de donner deux tenues par an à chacun et autorise les esclaves à en confectionner eux-mêmes avec l’argent de la vente des produits de leurs jardins. L’autre robe dont étaient vêtues les esclaves noires était la « rob di chan’m ».Cette ample robe de coton, aux manches longues ,destinée à cacher complètement le corps, n’était rien d’autre que la copie de la robe de chambre de la maîtresse. les femmes créoles adaptent les tenues européennes aux colonies, elles abandonnent donc le corset. La "gaule" était une robe d’intérieur très simple à manches longues ou mi-longues, en coton ou à carreaux. Elle était portée par toutes les femmes, mûlatresses, femmes libres, seul le tissu différait selon le milieu social.Les jeunes filles portaient une robe « ticollet », au col terminé par un plissé, jusqu’à ce qu’elles se marient Devenues femmes, elles adoptaient la « grand’robe », appelée en Guadeloupe « robe à corps ».Cette robe emblématique est encore portée de nos jours lors des cérémonies. Jusqu’au 19eme siècle, le vêtement de rigueur est l’ensemble jupe/chemise/casaquin et bamboche, taillés dans différents tissus :mouchoirs de cholet ou madras. En arrivant en Guadeloupe, les Indiennes abandonnent le port du jupon sous leur sari, tandis que les Créoles nouent leurs jupons à la manière indienne et adoptent le calendage, une technique qui vise à rehausser l’éclat du madras en peignant des bandes jaunes dessus.

La coiffe a toujours été l‘accessoire indispensable du costume créole. Elle reflétait soit la situation sociale, soit les circonstances de la vie. La coiffe traditionnelle de madras est née d’une frustration. En effet des lois interdisaient aux affranchies de porter des chapeaux, ceux- ci étant réservés aux femmes blanches. A une époque où se couvrir la tête était une marque de bienséance, les femmes créoles n’avaient pas le choix, elles devaient porter le foulard ce qu’elle ressentaient comme une humiliation. C’est ainsi qu’elles inventèrent la coiffe de madras qui allait devenir la coiffe traditionnelle. C’est un carré de tissu à carreaux, aux couleurs vives, drapé autour de la tête.Il faut différencier la "têt atachée" de la "tête serrée"( calendée ou casserole, ces dernières ne se défont pas,elles sont portées comme un chapeau. Autrefois la façon de nouer la « têt » en faisant apparaître différentes pointes ou nœuds était chargée de significations galantes. Ce langage de la coiffe a perduré jusqu’à nos jours , selon le nombre de pointes on sait si la femme qui la porte est mariée, célibataire , amoureuse, ou si elle veut être provocante.

Les bijoux créoles sont le complément indispensable du costume créole. Ils apparaissent dans la tenue antillaise dès le 17eme siècle et sont eux aussi le résultat d’un métissage. De l’Europe on a hérité de la tradition de graver le bijou et de le sertir de pierres précieuses. L’influence africaine se fait sentir dans la façon de travailler le métal et de d’exploiter les différentes teintes de l’or. La flore et la faune guadeloupéenne sont les principales sources d’inspiration des orfèvres. Les créoles, les fameuses anneaux d’oreilles sont le bijou créole par excellence, mais la « tête négresse », constituée d’un cercle d’or à l’intérieur duquel est montée en superposition une série de petites fleurs, est également très caractéristique. Le costume créole est mis en valeur par les différents colliers : chaînes de forçat, faites de mailles ovales, creuses et emboîtées, grain d’or, colliers choux...Au 19eme siècle, le port des bijoux se codifie selon les circonstances et les personnes.Cerrains maîtres envoient leurs esclaves se former en France, ils deviennent ainsi maîtres-orfèvres et peuvent racheter leur liberté.

Les combats de coq

Les avis divergent quant à l’origine de ce jeu cruel , selon certains la pratique aurait été introduite par les Anglais qui l’aurait ramenée des Indes , selon d’autres ce sont les colons espagnols qui l’aurait introduit aux Antilles. La Guadeloupe compte environ 70 gallodromes, appelés « pitts », un nom d’origine irlandaise .Les pitts à coqs sont des structures en bois , le plus souvent circulaires, composées de gradins et d’un rond de combat. Les combats se déroulent pendant la saison fraîche chaque week end de novembre (fin de la mue des oiseaux) à juin (début de la mue). C’est un monde d’hommes qui réunit et met à égalité des parieurs de tous bords. Chacun à leur tour, les pitts reçoivent pour une journée les propriétaires de coqs inscrits, les rencontres faisant et défaisant la réputation des coqs et de ce fait la notoriété de leurs propriétaires. Les lutteurs à plumes font l’objet de tous les soins , les entraîneurs sont payés à prix d’or pour bichonner ces vedettes à plumes car les combats de coqs sont avant tout des jeux d’argent et les sommes engagées sont souvent très importantes Chaque coq a son pedigree et tel un pur-sang il fait l’objet des plus délicates attentions d la part de son entraîneur. Les coqs ont d’abord un régime alimentaire spécial , riche en protéine, à base d’avoine, de maïs, de laitue, de bière et de fruits, dont la composition reste le secret de chaque entraîneur. Leur vie est rythmée par les entraînements, les footings et les soins spéciaux :bains de soleil, massages au « bay rhum », mélange composé de rhum et de bois d’Inde macéré. Des règles très strictes régissent la préparation au combat. Le coq doit se présenter tête, ventre et cuisses déplumées, il est pesé comme un champion, il reçoit ensuite ses zépons, des éperons spéciaux accrochés aux pattes, pendant que les propriétaires jouent aux dés le bon bord de l’arène. Il est alors lancé dans le rond, excité et rendu agressif par les sifflets et les encouragements des spectateurs, il va mener un combat sans merci. Le vainqueur est proclamé champion et sa côte montera jusqu’au prochain combat.

Aucune loi n’a jamais pu faire fermer les pitts.

En Grande-Terre, à la sortie de Morne- à l’Eau en direction du Moule, on peut visiter le pitt à coqs René Bélair. Ce propriétaire explique aux visiteurs les règles d’un monde très particulier et leur apprend tout sur les méthodes d’élevage des « coq game ».

Les concours de bœufs tirant


C’est une vieille tradition très prisée des agriculteurs guadeloupéens. Sur un parcours balisé d’environ 180 mètres , des attelages de bœufs tirent une charrette lestée d’un poids de 1 à 2 tonnes. Les « Solides de Morne à l’Eau », les « Frappeurs du Moule », les « Volcans de Saint Anne », les Grimpeurs de Petit Canal » ou les « Titans du Nord d’Anse Bertrand » s’affrontent et grimpent, conduits par un chauffeur dont la force et l’habileté sont mises à l’épreuve, en effet il doit conduire son attelage sans faire courir ses animaux, sans les injurier , 12 coups seulement de fouet sont autorisés pendant la course qui dure entre 3 et 6 minutes. Une foule passionnée encourage les bœufs à grands cris. Le concours est suivi d’un repas préparé par les femmes des participants et dégusté par tous dans une ambiance très conviviale.

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